LE PAIN EST NU

Lorsqu’on est habitué à un niveau de confort important, on bénit le radiateur.
Merci radiateur, pour cette nuit de confort.
Merci d’avance pour la suivante.
On oublie que ce confort n’est pas normal, n’est pas dû.
Nuit de récupération donc et lever à 7h45.

Café, puis petit déjeuner à la pizzeria en bas.
Trop copieux. Je ne peux pas manger le dixième de mon assiette.
Ensuite, direction l’Institut Français.
On prend un thé dans la cour.

On se croirait en Corée.
R. nous rejoint pour mettre au point une sorte de planning général des deux semaines.
Ensuite on rencontre J., le directeur de l’Institut.
Notre déjeuner est reporté à vendredi.
Rendez-vous est pris avec O. mercredi matin, pour une excursion dans le Tanger underground.
Nous visitons l’espace Beckett avec R. avant d’aller déjeuner à la Saveur du Poisson où nous faisons un des meilleurs repas de poisson de notre vie.

Vous entrez, vous vous asseyez et à partir de là, sans que vous n’ayez rien demandé, on vous sert. Et on ne cesse de vous servir les plats les plus délicieux, jusqu’à ce que vous criiez grâce et heureusement c’est alors le point final, un dé à coudre d’un thé à tomber par terre.
À chaque fois que le serveur s’approche de nous – ce qui doit arriver une bonne quinzaine de fois – il commence par nous dire: « Bonjour, ça va ? ».
Il ne cesse de nous dire « Bonjour ça va ».
Encore et encore.
Avec, une fois, une variante: « Bonjour ça va ? Ca faisait longtemps… ».

Il nous faut une heure de sieste pour récupérer.
Ensuite, une peu de musique jusque vers 17h30 puis nous partons pour le centre Tabadoul, rencontrer S. et quelques musiciens.

Avant de rentrer, on va boire des bières au Number One, se balader un peu dans les rues derrières Mohamed V, acheter quelques gâteaux, une pizza et, de retour, on mange un morceau en écoutant des polyphonies puis on fait encore un peu de musique avant d’aller se coucher.

UN ENFANT DANS L’AMPHORE

C’est une image qui me hante depuis la visite du musée de la Casbah.
« Inhumation d’un enfant dans une amphore », était-il écrit sur un cartel.
Ca me rappelle ce morceau de Robert Wyatt:
– Pigs ? In there ?
– Un enfant ? Dans une amphore ?

Et là, ce sont des jambes pendues à des fils de fer.
À mettre en rapport avec les barbelés qui bordent la promenade le long de la mer.
Étrange rappel.

Ce matin, je suis allé travailler deux ou trois heures dans la salle de musique de l’Espace Beckett, mais je n’en tire rien d’autre que quatre accords (Cmin, B6, Fmin7, G) et cette phrase obsédante, encore, de l’enfant dans l’amphore. Maigre.
Ensuite, nous partons faire des courses.
Épices (cumin, ras el hanout, poivre blanc, anis), légumes, fruits, piments, olives, galettes, fromage frais berbère.
On traverse le marché aux poissons.
H. prend le son.
Splendides boutiques de tripes.

On rentre. Thé à la menthe chez Comedy puis on grignote.
Musique puis on ressort pour passer chez Tabadoul, au marché aux puces, rendez-vous avec H.B., qui est prof de chant à l’Espace Beckett.
H. fait sortir le son dans une bassine.
Je plaque mes accords et quelques autres (issus de la gamme diminuée) sur un contexte rythmique spacialisé conçu par H. On enregistre un brouillon, à refaire à la salle de musique avec les pianos.

Penser à un guide chant pour les élèves de H.B.

Multiples contacts téléphoniques. Prises de rendez-vous pour les jours à venir.
On rentre préparer l’agneau aux citrons confits, dattes et olives.

Maintenant, un petit tour digestif, sans doute un verre au Number One.